Bagdad : le premier ministre irakien sort indemne d’une attaque au « drone piégé »

  07 Novembre 2021    Lu: 301
Bagdad : le premier ministre irakien sort indemne d’une attaque au « drone piégé »

La résidence de Mustafa Al-Kadhimi a été visée dans la nuit de samedi à dimanche, dans la zone verte de la capitale irakienne. Le premier ministre appelle « au calme », alors que les Etats-Unis condamnent un « acte apparent de terrorisme ».

Ses services parlent d’une « tentative d’assassinat ratée ». Le premier ministre irakien Mustafa Al-Kadhimi « n’a pas été blessé » lors d’une attaque commise dans la nuit de samedi 5 à dimanche 6 novembre au moyen d’un « drone piégé » qui a visé sa résidence dans la zone verte à Bagdad, a fait savoir son bureau.

« Je vais bien, Dieu soit loué, et j’appelle au calme et à la retenue de la part de tous pour le bien de l’Irak », a écrit M. Kadhimi sur Twitter peu de temps après cette annonce.

« Ma résidence a été la cible d’une agression lâche. Dieu soit loué, je vais bien, ainsi que ceux qui travaillent avec moi », a-t-il ensuite déclaré dans une courte vidéo où on le voit assis à un bureau, vêtu d’une chemise blanche. « Les lâches missiles et drones ne construisent pas les nations ».

Cette attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat. Selon une source sécuritaire, « deux gardes du corps ont été blessés », sans que l’on connaisse la gravité de leurs blessures. Un peu plus tôt, deux sources sécuritaires ont affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) qu’une « roquette » s’était abattue sur la maison de Mustafa Al-Kadhimi dans la zone verte, un périmètre ultra-protégé situé en plein cœur de la capitale irakienne et qui abrite également l’ambassade américaine et des bâtiments gouvernementaux.

Sur des photos distribuées par son bureau, on pouvait voir des dégâts matériels : une porte en bois gisait, des gravats parsemaient le sol et des escaliers extérieurs étaient endommagés.

Les Etats-Unis offrent leur assistance

Les Etats-Unis ont rapidement condamné cette attaque qui est la première à viser la résidence de M. Kadhimi, au pouvoir depuis mai 2020. « Nous sommes soulagés d’apprendre que le premier ministre est indemne. Cet acte apparent de terrorisme, que nous condamnons fortement, visait le cœur de l’Etat irakien », a affirmé dans un communiqué le porte-parole du département d’Etat Ned Price.

« Nous sommes en contact étroit avec les forces de sécurité irakiennes chargées de faire respecter la souveraineté et l’indépendance de l’Irak et avons offert notre assistance dans l’enquête sur cette attaque », a-t-il ajouté.

Les législatives en Irak laissent peu de place aux partisans du changement

Après l’attaque, les forces de sécurité ont été déployées en nombre à l’intérieur de la zone verte et aux abords, selon une source sécuritaire. Les offensives y sont récurrentes et elles ont souvent visé, par le passé, l’ambassade américaine. Le 31 octobre, trois roquettes sont tombées à Mansour, un quartier mitoyen, sans faire de blessés.

Fortes tensions politiques

L’attaque contre M. Kadhimi survient au moment où l’Irak est traversé par de fortes tensions politiques liées aux élections législatives anticipées du 10 octobre.

Le Hachd Al-Chaabi, une influente coalition d’anciens paramilitaires pro-Iran, conteste avec véhémence les résultats du scrutin et accuse Mustafa Al-Kadhimi de « complicité » dans la « fraude » électorale qui a vu la déroute de leur vitrine politique, l’Alliance de la conquête, lors des législatives du 10 octobre dernier, selon des résultats préliminaires. Des partisans du Hachd Al-Chaabi ont lancé deux sit-in à deux entrées différentes de la zone verte en signe de protestation contre les élections.

Des heurts ont mis aux prises plusieurs centaines de manifestants avec les forces de sécurité, vendredi. Selon une source sécuritaire, un manifestant est mort, tandis qu’une source au sein du Hachd Al-Chaabi a évoqué « deux morts ».

Depuis le scrutin, tous les partis négocient en coulisses la formation de « blocs » parlementaires, la formation d’un gouvernement et, in fine, la désignation d’un premier ministre. M. Kadhimi n’est pas officiellement candidat à sa succession, mais certains responsables politiques le voient comme un recours crédible au cas où aucune autre personnalité n’émergerait des tractations.

Vendredi, Qaïs Al-Khazali, le chef d’Assaïb Ahl Al-Haq, l’un des principaux groupes pro-Iran du Hachd Al-Chaabi, a mis en garde contre « toute tentative d’acteurs liés aux services de renseignement de bombarder la zone verte et d’accuser ensuite les factions de la résistance », nom que se donnent les pro-Iran, qui sont farouchement anti-américains.

Le Hachd est désormais intégré à l’Etat irakien et une partie des Irakiens l’accusent d’être le relais de l’Iran dans leur pays. Ils lui attribuent la responsabilité des assassinats et des enlèvements de militants anti-pouvoir qui se sont soulevés en octobre 2019.

Malgré sa déroute électorale, le Hachd restera une force politique importante au Parlement, grâce au jeu des alliances et la cooptation des élus indépendants. Toujours selon les résultats préliminaires, le courant sadriste dirigé par l’influent leader chiite Moqtada Al-Sadr a remporté la première place aux législatives, avec plus de 70 sièges sur les 329 que compte le Parlement. Les résultats définitifs du scrutin devraient être publiés d’ici quelques semaines.

AFP


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